Depuis la mi-mai, une trentaine de banques, nationales ou régionales, ont augmenté leurs taux de crédit immobilier, certaines même pour la seconde fois, selon le courtier VousFinancer.com. La hausse reste relativement modérée pour l’instant, de 0,05 à 0,40 point selon les établissements. "La quasi-totalité des grands réseaux bancaires a augmenté ses taux d’intérêt, constate Jérôme Robin, président de Vousfinancer.com. Les rares banques à ne pas l’avoir fait sont celles qui étaient moins bien positionnées". Du coup les candidats à l’emprunt ou la renégociation de prêt se sont précipités, afin de continuer de profiter de taux inégalés : 2 % en moyenne en juin toutes durées d’emprunt confondues, selon l’Observatoire Crédit Logement /CSA.
Depuis le début de l’année, la demande est forte augmentation, témoignant d’une prise du marché immobilier, et ce même hors opérations de rachat de crédits. "En juin, le rythme d’évolution annuel de l’activité mesurée en trimestre glissant est de + 62,2 % pour la production et de + 48,1 % pour le nombre de prêts", constate l’Observatoire Crédit Logement /CSA. Les ménages modestes ont eux aussi concrétisé leur envie de devenir propriétaires : "Le Prêt à taux zéro (PTZ) a grimpé de 18 % au premier trimestre 2015 par rapport au même trimestre de 2014. Les PC-PAS (prêts conventionné et à l’accession) ont pour leur part bondi de 47 %", précise le groupe BPCE (Banque populaire Caisses d'épargne).
Les banques face à l'afflux de dossiers
Pas d’inquiétude encore : la remontée des taux constatée n’est pour l’instant seulement qu’un "ajustement de la part de certains établissements financiers trop sollicités par les demandes de crédit. Ils ont donc révisé leur politique commerciale en relevant leurs prix ou en allongeant le délai de traitement des dossiers, ou les deux", estime Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi. "Ces augmentations sont en partie causées par une forte hausse de l’OAT 10 ans (Obligation assimilable du Trésor français), qui est passé de 0,35 % au 16 avril, son plus bas niveau, à 1,31 % au 2 juillet", indique Sylvain Lefèvre, président de La Centrale de Financement.
La crise grecque indolore ?
Reste à savoir quel sera l’impact dans les prochains d’événements type crise grecque. "Il est intéressant de noter que le taux de cette OAT a augmenté depuis 2 mois mais que le paroxysme grec depuis 1 semaine l’a laissé de marbre : les investisseurs institutionnels considérant que l’Etat Français, dans les circonstances actuelles, est un débiteur solide", remarque Hervé Hatt, président de Meilleurtaux.com. De plus, "la réaffirmation d’une stabilité des taux annoncée par la Banque centrale européenne et son discours rassurant, ne devrait pas impliquer une hausse de taux majeure pour les prêts immobiliers en France. La rentrée de septembre permettra de valider cette hypothèse", confirme Sylvain Lefèvre.